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Voyage initiatique au royaume de la peur


Samedi 31 mars 2018, je réserve, non sans excitation, le billet d’avion qui m’amènera 7 mois plus tard au bout du monde : la Nouvelle-Calédonie. 17 000 km depuis Paris, 26 heures de vol, 14 jours sur place, 30 degrés de moyenne, 25 baignades de prévues, retrouver une amie chère, voyager avec ma tendre sœur. Le rêve me diriez-vous ? Pourtant ce n’est pas exactement comme cela que les choses se sont déroulées…

Mais je vous rassure et mets ainsi fin à ce suspens insoutenable, ce voyage a été magnifique et surtout riche d’enseignements, une vraie quête initiatique.

Le plus dur, ça a été l’avant, soit les sept mois entre l’achat du billet et le départ. J’ai alors été confrontée à la peur, la vraie, celle qui vous prend aux tripes, qui vous donne la nausée, qui vous paralyse. Il y a deux ans, j’ai développé une phobie de l’avion lors d’un court vol domestique, à tel point que voir un avion en photo m’était impossible. Deux mois avant mon départ pour la Nouvelle-Calédonie, l’avion était devenu une obsession (dans le sens négatif du terme) : je mangeais avion, je travaillais avion, je rêvais avion. Dès la nuit tombée les crises d’angoisse m’envahissaient, et tous les matins je me réveillais avec la certitude qu’il fallait annuler ce voyage. Un jour, une personne qui m’est très chère me dit : « à quel pourcentage de ce que tu peux faire pour vaincre ta peur penses-tu être ? », je lui ai répondu « 40% » (j’avais déjà lu 3 fois le livre Comment ne plus avoir peur en avion, ce n’est déjà pas rien), et elle de me conseiller « alors fais ce qu’il faut pour passer à 90%, et seulement à ce moment-là tu prendras la décision d’y aller ou non ». C’est ce que j’ai fait et je vais vous dire comment.

La peur, qu’est-ce que c’est ? C’est un mécanisme de défense face à une menace, qu’elle soit réelle ou non. Les humains, comme les animaux, avons trois réponses à la peur : l’affrontement, la fuite ou la paralysie. Au départ, j’étais dans la paralysie physique et mentale à l’idée de toutes ces heures de vol, puis la volonté d’annuler ce voyage était clairement une fuite. J’ai ensuite compris que l’action contredit la peur, je suis passée dans l’affrontement. Car la peur a une dimension positive, celle de nous protéger du danger. Mais le versant négatif apparait lorsque la peur se déconnecte de la réalité et devient alors une projection subjective de qui nous sommes, de l’histoire que nous portons, de blessures émotionnelles d’enfance. S’attaquer à sa peur c’est chasser les fantômes imaginaires crées par notre mental.


La première chose que j’ai faite c’est accepter ma peur. J’ai cessé de me trouver nulle d’avoir peur et j’ai commencé à en parler à mon entourage, ce qui m’a valu de nombreux témoignages de soutien (merci, merci, merci !). Accepter son émotion, c’est lui permettre de vivre, puis de partir le moment venu. La deuxième étape, et non des moindres, a été de décortiquer ma peur. Chercher à la comprendre, à en trouver l’origine, et rationnaliser. A travers la peur de l’avion, j’ai réalisé que c’était en réalité la perspective de la mort qui me terrorisait. A partir de là, j’ai pu bâtir un plan d’action : méditation, EMDR, respiration, sport, peinture. Je me suis reconnectée avec ce qui permet de cohabiter avec la peur, vivre le moment présent. Eckhart Tolle disait « La vie, c’est maintenant. Il n’y a jamais eu un moment où votre vie ne se déroulait pas « maintenant » et il n’y en aura d’ailleurs jamais. »[1]La peur est dans le futur, dans la projection. Si l’on revient à l’ici et maintenant, il n’y a aucune raison d’avoir peur.

1. Pour cultiver le moment présent, je me suis initiée à la méditation. La méditation m’a permis de diminuer les ruminations internes, réduire le stress, l’anxiété ainsi que les douleurs physiques (maux de tête, nausées, insomnies).

2. La cohérence cardiaque est une technique de respiration qui permet immédiatement de diminuer le taux de cortisol, l’hormone secrétée par le stress, et d’augmenter l’ocytocine, neurotransmetteur aussi appelé « hormone de l’amour » favorisant le sentiment d’émotions positives. La technique est la suivante : Respirer afin de diminuer la fréquence respiratoire et cardiaque, et libérer ainsi le diaphragme. Inspirer par le nez en prenant très peu d'air, bloquer sa respiration pendant 4 à 6 secondes, expirer par la bouche aussi longtemps que possible, bloquer sa respiration 4 à 6 secondes. Répéter durant 1 minute.


3. J’ai traité la phobie et le souvenir négatif du vol grâce à la pratique de l’EMDR (Eye-Movement Desensitization and Reprocessing). L’EMDR travaille à partir d’expériences négatives par une stimulation bilatérale alternée qui permet de réactiver le processus de traitement de l’information et recâbler le souvenir de manière positive.[2]


4. Le sport et la peinture, que j’avais arrêtés depuis bien trop longtemps, ont été une soupape de décompression. J’ai repris la natation, ce qui m’a premièrement reconnecté avec le plaisir du voyage dans les îles car le désir d’être dans l’eau, mais surtout cela a diminué mon stress, mes tensions physiques et m’a redonné confiance en moi, en mes capacités et ressources. La peinture est un outil puissant pour laisser sortir les émotions sous une forme, une ligne, une courbe que l’on ne soupçonnait pas. Le tout accompagné des lectures de Guillaume Gallienne et d’un bon verre de vin (et oui, ça aussi ça diminue le stress !).


Enfin, rationnaliser c’est se souvenir du chemin déjà parcouru : j’ai effectué de nombreux voyages en avion depuis mon enfance, je suis partie vivre en Australie seule, j’ai pris un vol de quinze heures jusqu’au Cambodge seule également. Toutes les expériences passées comptent car si vous l’avez fait une fois, vous êtes en capacité de le faire à nouveau.

J’avais un mantra pendant tout le voyage « J’ai des ressources si ça tourne mal » ce qui a été essentiel pour garder la confiance.

Ultime conseil : Se reconnecter au sens de cette quête contre la peur. Pour moi ça a été le plaisir du voyage avec ma sœur, la découverte de nouvelles terres, partir à l’aventure, les retrouvailles avec ma fidèle amie.

Aujourd’hui, après 1 voyage au bout du monde, après 12 avions, après 72 heures de vols, la phobie a disparue. Seuls restent les souvenirs, la joie, les histoires à raconter, et la fierté de l’avoir fait.


Je vous laisse sur une phrase, partagée par mon beau-père,


Psychologie Positive Grenoble Camille Lamouille

qui m’a guidée et éclairée pendant tout ce voyage au royaume de la peur :

« Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l’esprit.

La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale.

J’affronterai ma peur.

Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi.

Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.

Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien.

Rien que moi. »[3]


Psychologie Positive Grenoble Camille Lamouille
Vol en ULM au dessus de la Grande Barrière de Corail - Poé

Psychologie Positive Grenoble Camille Lamouille
Grande Barrière de Corail - Nouvelle-Calédonie

Positivement vôtre,


Psychologie Positive Grenoble Camille Lamouille


























- Camille Lamouille -

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[1]Eckhart Tolle, « Le pouvoir du moment présent », J’ai lu, 1999

[2]Jean-Louis Lamouille, http://psychologie-durable.fr/emdr/, praticien EMDR

[3]Franck Herbert

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