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Le goût du vrai

  • Photo du rédacteur: Camille Lamouille
    Camille Lamouille
  • 23 avr.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 avr.

cadenas clé

J’ai toujours eu du mal avec ce qu’on appelle les small talk. Ces conversations de surface. Papoter, bavarder, parler du temps qu’il fait ou du week-end à venir. Je ne suis pas très douée pour ça.

Moi, ce que j’aime depuis toute petite, c’est l’intime. La profondeur. L’authenticité. Le vrai. Le dur. Le fragile. Les traversées émotionnelles, les doutes, les silences habités. Ce qui râpe. Ce qui cogne. Ce qui touche.


Récemment, j’ai eu au téléphone une personne chère à mon cœur. Ce jour-là, notre lien a retrouvé ce qu’il avait perdu un temps : de la profondeur, de la vérité. Ça m’a élargi le cœur. Et ça m’a rappelé que l’intimité ne se décrète pas. Elle se construit. Doucement. Patiemment. Avec respect.


Et parfois, malgré tous nos efforts, elle ne vient pas. Parce que l’autre n’est pas prêt. Parce que ce n’est pas le moment. Parce qu’il y a des barrières invisibles. Et c’est ok aussi.


Mais quand cette intimité peut exister, elle devient un espace de transformation.

Un lieu de lien. Un foyer pour le sens.


Et si on se mettait à parler vrai en entreprise ?

masques

L’entreprise, c’est souvent cet endroit où l’on croit devoir laisser ses émotions sur le paillasson. On enfile le costume. On prend sur soi. On livre des résultats.


Et pourtant.


Dans les groupes que j’accompagne, j’entends toujours la même soif : celle de parler vrai. De conversations courageuses. De feedbacks sincères, pas empaquetés dans un sandwich. De reconnaissance explicite.

D’un lien plus humain.


Des espaces pour dire :

« Je doute »

« Je suis épuisé.e »

« Je ne me sens pas à ma place »

« Je suis touché.e par ce que tu as dit »


Le pouvoir des conversations profondes


Parler vrai, c’est s’exposer. C’est montrer un bout de soi.


Mais c’est aussi entrer dans le réel.

Comme disait Jacques Lacan : "Le réel, c’est quand on se cogne."

Et pour se cogner, il faut enlever le vernis.


Oui, parler vrai, c’est prendre un risque. Le risque de ne pas être compris. De bousculer. De gêner. De montrer une faille qui pourrait être utilisée contre nous.


Mais comme le dit si justement Brené Brown :

"La vulnérabilité n’est pas une faiblesse. C’est le plus grand marqueur de courage."

(lire l'article sur la vulnérabilité ici)


Et si on ne prend jamais ce risque, on passe parfois à côté de ce qui compte vraiment : une parole qui soigne, un lien qui se renforce, un besoin qui peut enfin être entendu.


Parce que les mots ont ce pouvoir : agrandir ou atrophier. Rapprocher ou figer.


Ce qui est dit avec respect construit. Ce qui ne l’est pas s’imprime. Et finit par ressortir ailleurs : passif-agressif, désengagement, tension, fuite…


Un manager qui ose dire "Je traverse une période difficile", ou "Je doute de certaines décisions", offre un cadeau inestimable à son équipe : celui de pouvoir en faire autant.


Vers une culture du vrai


parapluie main pluie

Créer des espaces de parole sincère, ça ne se décrète pas. Ça se cultive.


Et s’il fallait ne retenir qu’un mot : la sécurité psychologique.


C’est elle qui permet d’oser se dire sans peur d’être jugé, rejeté ou sanctionné. C’est le climat dans lequel chacun peut exprimer une idée, un ressenti, une erreur, sans craindre d’en payer le prix. Amy Edmondson, qui a popularisé ce concept, montre à quel point les équipes les plus performantes sont aussi celles où l’on peut se montrer imparfait, vulnérable, humain.


Quand cette sécurité est là, les collaborateurs partagent, innovent, coopèrent. Quand elle manque, ils se taisent, se protègent, se séparent.


Elle se construit à travers :

  • Une posture : une écoute empathique, une vraie présence, un accueil inconditionnel.

  • Des rituels : météo d’équipe, tours de parole, cercles de clôture, espaces de régulation.

  • Des outils : feedback appréciatif, CNV, OSBD, assertivité, reconnaissance.

  • Un cadre de confiance : explicite, soutenant, qui autorise la vulnérabilité et donne du temps.


Elle se développe grâce à des questions telles que :

  • Qu’est-ce qui te permettrait de te sentir pleinement en sécurité pour t’exprimer ici ?

  • Y a-t-il quelque chose que tu n’as pas encore osé dire et que tu aimerais poser ?

  • Qu'aurais-tu besoin que l'on change dans cet espace ou entre nous pour que tes besoins soient davantage respectés ?

  • Comment te sens-tu vraiment par rapport à ce sujet ?



Et si...


Si, comme moi, vous avez le goût du vrai…

Si vous aspirez à des relations plus authentiques, même au travail…

Alors soyez de celles et ceux qui ouvrent la voie.


Commencez par livrer un peu plus de vous.

Et par accueillir un peu plus de l’autre.


Car c’est souvent là, dans ces micro-brèches d’humanité, que se jouent les plus grandes transformations.



Camille Lamouille

- Camille Lamouille -


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