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J’en suis capable ! Le Sentiment d’Efficacité Personnelle


Psychologie Positive Grenoble Camille Lamouille

J’ai récemment lu plusieurs témoignages sur les réseaux de médecins, infirmier· e· s, aides-soignants, etc racontant combien ils se sentaient proches de l’épuisement professionnel non du fait du rythme et du nombre d’heures enchainées (bien que cela leur pèse énormément) mais encore plus du fait de ne pas être suffisamment en capacité de mettre fin à ce virus et aux maux de leurs patients.


J’ai aussi entendu plusieurs collègues me partageant combien il était difficile pour eux· elles de se sentir inutiles et immobilisés dans cette période de confinement par rapport à leur activité professionnelle habituelle.


Tout cela nous parle d’un concept provenant directement de la Psychologie Positive : le Sentiment d’Efficacité Personnelle (SEP).


1. Le Sentiment d'Efficacité Personnelle : késako ?


Le SEP est une notion inventée par le professeur et psychologue canadien Albert Bandura[1]dans les années 80. Il désigne le degré de croyance qu’une personne a en sa capacité d’atteindre un objectif et de performer par rapport à une tâche bien précise. Le SEP est donc étroitement lié à la motivation. Si je pense que je peux faire face à cette situation ou atteindre ce but fixé, alors je me sens plus motivé· e, et donc je suis plus performant· e. Ce sont donc mes croyances en mes capacités personnelles qui vont déterminer mes actions et ma performance. On observe un lien très étroit entre ce concept et celui du Growth Mindset de Carol Dweck provenant également du domaine de la Psychologie Positive (lire article sur Growth Mindset).


Ce n’est ici pas nos réelles capacités qui importent mais nos croyances sur nos capacités. Si je suis persuadé· e que je peux relever ce défi alors mon SEP va augmenter et avec lui ma confiance en moi. Si je pense que je ne peux pas y arriver, mon SEP s’effondre, ma confiance en moi diminue, et avec elle ma motivation et ma performance.

Prenons un exemple : je suis un· e élève de terminal faisant partie des meilleurs élèves de ma classe. Mon sentiment d’efficacité personnelle est donc élevé, j’ai confiance en mes capacités, donc je suis plus motivé· e et plus performant· e car je m’attaque à des tâches plus difficiles étant persuadé· e que je vais y arriver. En arrivant en classes préparatoires, le niveau est monté, je ne fais plus partie des meilleurs élèves, au contraire je suis dans la « tranche » basse de ma classe. Mon Sentiment d’Efficacité Personnelle s’effondre, je ne me sens plus capable, je perds donc la confiance en moi que j’avais, ma motivation diminue et avec elle ma performance. C’est cela qui peut conduire certain· e· s élèves / personnes jusqu’au décrochage scolaire, à la dépression, et bien pire… Le SEP va donc varier en fonction de notre environnement. Ainsi, je peux avoir dans mon activité professionnelle un SEP élevé mais dans cette situation de confinement un SEP qui s’écroule soudainement car je ne me sens plus utile, je ne sais pas comment mettre mon temps à profit, ou encore je n’ai pas les ressources pour mettre fin à ce virus (ex : des médecins), donc ma confiance en moi chute. Ce changement soudain dans son SEP peut être très difficile à vivre pour certaines personnes en ce moment éprouvant de confinement.


2. Les quatre sources du S.E.P



Notre Sentiment d’Efficacité Personnelle par rapport à une compétence précise se construit à partir de quatre sources : l’expérience personnelle de succès et d’échec, l’apprentissage vicariant, l’influence sociale et l’état physiologique et émotionnel.

- L’expérience personnelle de succès et d’échec : J’ai déjà réussi cette tâche à plusieurs reprises, je sais que j’en suis capable. J’ai échoué sur cette tâche, je ne me sens pas à la hauteur.


- L’apprentissage vicariant : observer des personnes ayant des caractéristiques proches des nôtres (homme/femme, âge, catégorie sociale…) réussir nous permet de nous identifier à cette réussite. Ainsi le SEP d’un enfant qui s’attaque à l’escalade sera plus élevé s’il voit un autre enfant y arriver plutôt que s’il ne voit que des adultes y parvenir.

- L’influence sociale : feedbacks, conseils, suggestions, encouragements mais aussi avertissements de personnes que je considère comme légitimes nous permettront de renforcer notre confiance en soi et donc notre SEP.

- L’État physiologique et émotionnel : si à chaque fois que je passe un examen je ressens du stress et que je réussis mon examen, les prochaines fois où je me sentirai stressé· e j’associerai ce stress à une performance élevée, et donc mon SEP sera fortifié. Et inversement si j’associe le stress à une faible performance.


3. Quand le S.E.P renforce la confiance en soi


Renforcer son Sentiment d’Efficacité Personnelle sur les tâches / les évènements qui me sont soumis permet de renforcer la confiance en soi, « je pense que je suis capable de le faire » donc je me donne les moyens d’y arriver. Augmenter sa confiance en soi permet d’avoir un effet contagieux positif sur son estime de soi. L’estime de soi pouvant être représentée par l’écart entre la personne que je pense être et celle que je voudrais être. Plus cet écart est réduit plus mon estime de moi est élevée, plus cet écart est grand plus mon estime de moi est basse. Ainsi le SEP a des impacts positifs à plusieurs niveaux, c’est pourquoi il fait partie intégrante du champ d’étude de la Psychologie Positive.


4. Comment renforcer son S.E.P grâce à la Psychologie Positive ?