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"C’est simple sois juste heureux si tu voulais tu l’serais !"

« Le spleen n’est plus à la mode, c’est pas compliqué d’être heureux »
- Angèle -

« Ca va passer », « Sois positive », « Tu vas t’en remettre », « Regarde le bon côté des choses », « Tu as tout pour être heureuse », « Ca pourrait être pire », « Une de perdue, dix de retrouvés », « Y a pas mort d’homme », « Il ne faut pas se mettre dans des états pareil » … Avez-vous déjà entendu ces phrases prononcées par des proches qui tentent de vous remonter le moral dans des périodes difficiles ? Combien de fois ces phrases vous ont-elles réellement remontées le moral ? Je vous pose ces questions car ces phrases ont sur moi l’effet inverse de l’intention portée : cela m’agace, cela me stresse, cela me démotive, cela me fait sentir encore plus mal. Actuellement en plein deuil suite à une séparation de couple, j’ai envie et besoin de vivre la peine, de pouvoir pleurer dans les bras de mes proches sans jugement, d’être écoutée et consolée sans conseil, et de me laisser le temps de digérer ce qu’il m’arrive. Mais lorsque j’entends ce type d’injonction, au fond ce que j’entends c’est « ton émotion n’est pas légitime, et je ne suis pas en capacité de l’accueillir ». Alors je mets le masque, je fais comme si, pour ne pas gêner celui qui ne sait pas gérer la tristesse de l’autre. En faisant cela nous ajoutons à notre tristesse la culpabilité et la honte de ne pas parvenir à « être positif » ; en faisant cela nous nions nos émotions négatives qui sont essentielles à la vie ; en faisant cela nous vivrons un deuil bien plus long.



Tout ne va pas toujours bien ! C’est la grande différence entre la Psychologie Positive (qui étudie le fonctionnement optimal des individus et des groupes sans nier le négatif) et la pensée positive (qui se rapproche de la Méthode Couet, « souris et la vie te sourira »). Vouloir à tout prix être positif dans toute situation est dangereux pour notre santé mentale et physique, c’est ce que l’on appelle : la Positivité Toxique.




Oui, la positivité peut être toxique !


Être positif est plutôt une bonne chose pour avancer dans la vie et savoir contrer notre biais de négativité. En effet, suite aux recherches de Psychologie Positive, nous avons découvert que les optimistes développent des télomères (extrémités des chromosomes) plus longs que les pessimistes ce qui a pour conséquence de rallonger l’espérance de vie et d’augmenter le bien-être global.


Toutefois, être positif à outrance peut devenir toxique, pour nous-même et pour notre entourage.

Vous connaissez sûrement les rabats-joies ? Comme leur nom l’indique, ils ont tendance à rabattre la joie des autres. Ce sont ceux qui disent « c’était mieux avant », « Ça ne va pas durer », « Tu verras, ce n’est pas si bien que ça ». Et bien, ils ont leur équivalent avec la tristesse, la peur et la colère.[1]


  • Le rabat-peur dira : « Il n’y a aucune crainte à avoir », « Ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse », « Tu ne vas pas avoir peur de si peu » …

  • Le rabat-colère de surenchérir : « Pourquoi tu te mets dans des états pareil pour si peu ? », « Tu t’agaces pour un rien » …

  • Le rabat-tristesse de conclure : « C’est rien », « Tu ne vas pas pleurer toutes les deux minutes non plus », « Allez il faut avancer maintenant » …




Posez-vous la question de quel "rabat" est le plus souvent présent dans vos discours auprès des autres ? Nous en avons tous un favori, soyons honnête. Moi, c’est le rabat-colère. Généralement, notre "rabat" favori est celui qui se rapporte à l’émotion que nous avons le plus de mal à vivre et à expérimenter.


La positivité toxique, c’est lorsque le rabat-peur, le rabat-colère et le rabat-tristesse se donnent rendez-vous avec l’intention positive de consoler quelqu’un mais que finalement cela a un effet néfaste sur la personne consolée. Pourquoi ? Car nier les émotions négatives que nous ressentons ne les fait pas disparaitre, au contraire cela a tendance à les amplifier ou à les faire ressurgir quelques temps après de manière bien plus graves (anxiété, dépression…). Toutes nos émotions sont légitimes, utiles et nécessaires car elles nous renseignent sur nos besoins fondamentaux. Colère ? Besoin d’avoir réparation d’un préjudice subi. Peur ? Besoin de se protéger et de se sentir en sécurité. Tristesse ? Besoin d’attachement et de réconfort.


« Se dire que tout va bien quand tout va mal ce n’est pas être positif. C’est être dans le déni »
– Shera Kerienski –

Positiver n’est pas néfaste, ni vouloir aider, consoler ou conseiller un proche. C’est vouloir être positif à tout prix qui l’est.


Remplacer la positivité toxique par l’écoute empathique


« L’empathie c’est se mettre dans les chaussures de l’autre sans partir avec ses baskets »

Pour se défaire de la positivité toxique, une clé : écouter. Ça parait simple dis comme ça, mais ça ne l’est pas. Savoir bien écouter est tout un art. Écouter c’est d’abord se taire. Faire silence pour laisser de l’espace à l’autre. Écouter c’est accueillir les émotions de l’autre sans chercher à les modifier. Écouter c’est observer. Écouter c’est questionner pour permettre à l’autre de cheminer. Écouter c’est reformuler pour s’assurer d’avoir bien compris.


Écouter ce n’est pas : conseiller, nier, enquêter, juger, diagnostiquer, ramener à soi. Des penchants que l’on a tous.


L’écoute empathique c’est s’assoir auprès de votre ami et lui dire « Je suis là, je t’écoute, cet espace est protégé ».


« Dans les faits, il est rare qu’une réponse apporte un véritable réconfort. Ce qui permet de se sentir mieux, c’est la qualité de la relation. »
- Brené Brown -

Quelques pistes pour éviter la positivité toxique :


Source : Compte Instagram @sitwithwhit


Savoir consoler n’est pas chose facile. Accueillir la détresse de l’autre n’est pas chose confortable. Mais c’est en écoutant et en accueillant que vous serez l’aide la plus précieuse pour celui qui est dans le creux de la vague. Savoir bien écouter peut sauver des vies.


Et si comme moi, vous êtes cette personne au creux de la vague, voici mon conseil : La tristesse s’en ira uniquement si vous acceptez de la laisser entrer d’abord. Ouvrez la porte...

Merci à Véronique, Margaux, Didier, Mathieu, Ornella, Jessica, Carolina, Océane, Madée, Lyliane, Sophie, Corinne, Caroline, Sarah, Elise, Clémentine, Déborah, Pierre, Edouard, Juliette, Alice, Laurent, Valérie, Florian, Magali, Quentin, Frédérique, Jules, Fanny, Maëlle, Rachel, Steven, Patricia de m’apporter du réconfort et de rendre la peine plus supportable en ce moment.


Take care !


Et vous, quelles sont vos expériences de positivité toxique ? Partagez-le dans les commentaires ci-dessous :)


- Camille Lamouille -


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[1] Daniel Chernet, Coacher les émotions, Ed Eyrolles, 2016


Pour aller plus loin :

- Brene Brown, A propos de l'empathie, https://www.youtube.com/watch?v=1Evwgu369Jw

- Daniel Chernet, Coacher les émotions, Ed Eyrolles, 2016


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