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Comparaison n’est pas raison



« Tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais » - Xavier Dolan -

Mercredi dernier, j’ai reçu un appel. Un appel que j’attendais de pied ferme. Un appel pour me dire « Félicitations Camille, tu es certifiée coach professionnelle. » Je raccroche, et je sens en moi une émotion qui n’est pas que de la joie. De la fierté ? Pas tellement. Du soulagement ? Pas plus. En fait, ce n’est pas une émotion agréable. Ça y est je sais : une part de moi ressent de la déception. Étonnant… Surtout vu le bon résultat de mon parcours. Mais je comprends vite ce qu’il se passe en moi. Je ne souhaitais pas seulement « être certifiée », je voulais être certifiée avec les « Félicitations du jury ». Je ne voulais pas seulement faire bien, je voulais me démarquer, briller, exceller, être remarquée. C’était ça mon objectif profond. Et cet objectif là il n’est pas atteint. Il a été atteint par d’autres camarades dans ma promotion (bravo à elles.eux !). J'accuse le coup … alors en nouvelle coach que je suis, je décide d’aller regarder ce que tout cela raconte.

La culture de la performance, c’est mon héritage familial. Le succès, la compétition, l’excellence, l’exigence, la gagne… ça coule dans mes gènes. Depuis la génération de mes arrières grands-parents, tous les membres de ma famille sont des entrepreneurs qui ont soif d’accomplissement et de réalisation de soi. J’ai été biberonnée au coaching par ma mère. Alors aujourd’hui je ne voulais pas faire bien, je voulais faire très bien.


LA COMPARAISON SOCIALE, QUITTE OU DOUBLE


La théorie de la comparaison sociale a été développée par le psychosociologue Léon Festinger en 1954. Cette théorie nous explique que la comparaison sociale est un phénomène normal et fondamental en ce qu’il permet d’augmenter sa satisfaction et d’améliorer ses compétences. La comparaison, utilisée correctement, a du bon : elle nous permet de nous positionner et d’évaluer nos compétences (ainsi que opinions, valeurs, émotions…) ; elle rehausse notre estime de soi ; elle renforce notre confiance en soi et elle nous invite à ajuster nos comportements afin que ceux-ci soient plus alignés à ce que l’on vise.


Il existe trois types de comparaison, nous dit Festinger :

- La comparaison ascendante : se comparer à quelqu’un que l’on estime d’un niveau supérieur au sien. Elle permet le dépassement de soi, l’apprentissage, le développement de l’ambition, l’inspiration.


- La comparaison descendante : se comparer à quelqu’un que l’on estime d’un niveau inférieur à soi. Elle permet l’autovalorisation et la réassurance.


- La comparaison latérale : se comparer à notre groupe de pairs et de semblables, qui jouent dans la même cour que nous (niveau proche, même référentiel). Elle permet de tendre à être le meilleur et donc de développer notre performance et notre fierté.


Que de bénéfices !

Sauf qu’il y a une de ces trois comparaisons qui comporte un risque pour la satisfaction personnelle : la comparaison latérale. Si je passe mon temps et mon énergie à me comparer à des personnes qui ont un niveau proche du mien et que je n’obtiens pas le rang, le niveau ou le résultat que je recherchais tandis que les autres oui, alors je ne pourrais me sentir que frustré, déçue, dépité. Dans ce cas-là, la comparaison nous fragilise, nous aveugle et nous laisse un goût amer de « jamais assez bien ».


LE PIÈGE DE LA COMPARAISON SOCIALE, COMMENT EN SORTIR ?


« Ce qui nous accable, c’est le fait de confondre notre personne avec notre ratage, plutôt que de l’observer comme un fait à analyser, comme l’occasion d’un apprentissage. » - Charles Pépin -

La comparaison peut avoir des effets bénéfices sur notre estime de soi et confiance en soi, ou au contraire les entacher (voir expérience Mr Top et Mr Bof, Stan Morse et Kenneth Gergen, 1970)


Alors comment sortir de cette comparaison qui nous accable ? Ma réponse provient de la PNL (Programmation NeuroLinguistique) et de ce que cette discipline appelle : les métaprogrammes et référentiels.

Pour sortir de la comparaison néfaste, une des clés peut être de passer du référentiel externe au référentiel interne. Je m’explique.


Lorsque je suis en référentiel externe, je puise ma confiance en moi et mon autosatisfaction dans le regard extérieur des autres. Je vais donc être particulièrement sensible aux feedbacks reçus, aux avis, aux conseils, aux notations, au classement, à la validation et à la réassurance des autres. Ce référentiel, en ce qu’il donne plus de pouvoir aux autres qu’à soi-même, présente un risque de perte de confiance en moi, en mes choix, et me coupe de l’écoute de mes propres besoins, envies et limites.


Quand j’arrive à passer à un référentiel interne, alors je vais baser mon estime et ma confiance en moi sur des critères qui me sont propres, auxquels je crois, et je vais m’évaluer en fonction de ce qui a du sens pour moi et de ce qui me tire vers le haut.

Le référentiel interne permet de trouver plus de stabilité et de solidité intérieure, de faire confiance à son autoévaluation, de donner le meilleur de soi-même pour ses propres objectifs que l’on s’est soi-même fixés, de se détacher du jugement des autres, d’oser aller au bout de ses convictions et désirs, et de trouver plus d’épanouissement personnel. (Remarque : le référentiel externe a aussi des bénéfices en ce qu’il permet de se calibrer et de rester réaliste)


L’idée de tout ça est d’utiliser ses propres standards pour décider si le résultat atteint est celui qui nous convient et si notre performance est digne des efforts fournis.


Enfin, et cela m’a été soufflé par mon copain coach de promo Pascal, quand vous échouez sur l’objectif que vous vous êtes fixés, n’oubliez pas de regarder la « big picture », le sens supérieur que vous donnez au chemin. Comme le tableau d’impressionniste qui nécessite de se reculer pour voir alors apparaitre le dessin constitué par des milliers de petites touches.


C'est l'histoire d'un bonhomme qui a perdu sa clef. Il la cherche sous un lampadaire. Arrive un autre bonhomme. - Que faites-vous, Monsieur? - Ben... je cherche ma clef. - Mais êtes-vous sûr que vous l'avez perdue ici? - Non, absolument pas. Mais c'est le seul endroit où il y a de la lumière!


En réduisant mon champ focal à la note, j’en ai oublié le sens supérieur : je suis devenue coach, le métier qui me fait vibrer, et c’est au final tout ce qui compte.


Si Jacques Lacan et Charles Pépin ne devaient faire qu’une seule personne, ils auraient pu dire : « Si le réel est quand on se cogne, alors seul celui qui sait échouer éprouve la vérité du réel et de son humanité. » (Au final cette phrase est de moi, une sorte de Jacques Pépin ou Charles Lacan, pas mal non ?! ).


Mon mémoire de certification au coaching était sur le thème de la lenteur… Et si, la lenteur, se situait au niveau de l’atteinte du sommet ? Et si, le fait de ne pas avoir atteint mon objectif cette fois-ci, était un message pour savourer l’ascension et prendre le temps de faire des plateaux ? Une chose est sûre : Valérie, je n’en ai pas fini avec ce thème… je te reviendrai !


J’ai encore beaucoup d’années devant moi pour devenir qui je suis. (Le devient-on jamais ?) Comme Sartre disait « L’existence précède l’essence », cette sagesse du devenir – avec lenteur – me souffle à l’oreille que cet épisode n’est qu’une invitation à me rapprocher de ma vérité… en vulnérabilité et humilité !


Alors, autant à moi qu’à vous, je nous souhaite « Lekh Lekha » : Va pour toi et Va vers toi !


- Camille Lamouille -


Pour aller plus loin :

- Charles Pépin, Les vertus de l'échec, ed. Pocket



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