Clarifier ses intentions pour une communication plus efficace
Cet été, j’ai passé quelques jours à la montagne avec mon très cher ami Jules à l’observer dresser de jeunes chevaux. Ce moment suspendu m’a permis de découvrir mon ami dans son élément et sa passion, et d’analyser sa manière d’apprivoiser, d’entrainer et de faire allié avec des chevaux pas toujours très coopératifs.
De cette danse qu’il joue singulièrement avec chaque cheval, j’en ai détecté beaucoup de parallèles avec le fonctionnement entre humains et au sein de l’entreprise. Ce n’est pas pour rien que l’equicoaching (accompagnement des individus/ équipes assisté par le cheval) fonctionne si bien.
De nombreux ponts peuvent être fait entre le fonctionnement cavalier-cheval et entre humains (développement de l’intelligence émotionnelle, gestion du stress, création d’une relation de confiance, leadership positif, etc.), mais ce qui a particulièrement retenu mon attention dans la pratique de Jules c’est : la clarification de l’intention.
En discutant avec lui sur ce sujet, il m’explique qu’il faut créer une communication, un langage spécifique entre soi et le cheval afin que ce dernier quitte son instinct défensif de survie et se rallie au cavalier avec confiance. Pour se faire, le cheval a besoin que l’intention du cavalier, ses gestes, sa posture, et ses mots, soient très clairs afin de le sécuriser et qu’il comprenne avec confiance ce qu’il doit faire. Si le cavalier doute, le cheval doute et se déconnecte alors du cavalier, se remettant ainsi directement en défiance ou en fuite. Quand le langage est instauré, si la posture du cavalier est bonne, le cheval doit pouvoir anticiper ce qui va être fait presque instinctivement.
Jules m’explique par exemple que si l’on pose sa main sur le museau du cheval sans avoir clarifier au fond de nous notre intention (le caresser, le rassurer, le féliciter, jouer avec lui…), on va montrer des signes d’hésitation dans le geste et le cheval va se braquer. C’est pour cela, qu’avant chaque session d’entrainement, il détermine de façon très claire : ce qu’il veut faire travailler au cheval (1), la manière de le faire travailler (2) et le résultat attendu (3). Par exemple un jour, il a décidé de travailler la désensibilisation des sacs plastiques au cheval (1), il l’a fait en accrochant un sac plastique au bout d’un bâton et en l’agitant près du cheval (2), et tout cela afin que le cheval une fois en randonnée avec des touristes ne prenne pas peur au moindre plastique qui traine et mette en danger ses cavaliers (3).
Comment communique-t-il son intention ? En son for intérieur déjà, il décide. Puis en la partageant au cheval : avec une posture (il s’affaisse pour apaiser le cheval ou se redresse pour le dynamiser), avec ses gestes (il baisse le bras pour le ralentir ou il le lève pour le faire accélérer) et avec sa voix (basse ou haute en fonction du message). Mais par-dessus tout, Jules me précise que c’est son énergie qui va communiquer son intention : il se gonfle d’énergie et le cheval démarre ; il relâche son énergie en soufflant, et le cheval ralentit… c’est magique à voir !
DÉTERMINER SON INTENTION
L’intention, c’est l’état d’esprit dans lequel j’aborde la situation et dont ma communication va découler.
En Communication Non-Violente, la première étape dont nous parle Marshall Rosenberg c’est l’intention. Pour entrer en communication positivement avec l’autre et créer un espace d’ouverture - comme Jules qui invente son langage avec chaque cheval – notre première intention doit être d’être en lien avec l’autre plutôt que d’avoir raison. Garder cela à l’esprit avant d’aborder une discussion à enjeu (par exemple une discussion pour apaiser une tension), sera essentiel : mon intention doit être de rester en lien, et non d’avoir raison. Quand le cheval doute, il se déconnecte du cavalier. Dans les relations humaines c’est pareil : si l’intention de rester en lien n’a pas la primauté, il y a risque de coupure de la relation.